Moirf. J'ai le parcours le moins atypique de tout le forum, la honte.
Bon en même temps je suis encore jeune, donc qui sait dans quelle filière farfelue je vais aller me fourrer. Un truc du genre "L'économie mondiale et la construction de terrier des marmottes".
Je suis donc en
première année de médecine. Deuxième essai, en fait, vu que la première année j'avais gardé mon rythme de lycée. (c'est à dire pas grand chose, comme Lars
)
Cette fois ci, je m'y suis mis. Pas à fond, mais quand même. Disons que j'ai gardé mes week-ends pour moi. La semaine, je reste jusqu'à vingt heures à la Bibliothèque sauf cas de grève des trains ou de fatigue subite.
Du coup, et c'est plutôt rassurant, l'année prochaine je devrais être en deuxième année.
En conséquence mes
projets à court, moyen et long terme ne font qu'un : finir mes études de Médecine, dans à peu près une dizaine d'années. (ce qui équivaut à devenir médecin, en fait)
Ah quoique, nuance ! J'aimerais me spécialiser, plus tard, dans l'
Ethique et la Santé Publique. Et pour commencer, l'an prochain, j'essaierai de décrocher un Master LOPHISS (Logique, Philosophie, Histoire, Sociologie des sciences) que je mènerai de front en même temps que ma deuxième puis troisième année.
Edit :
Ah quelques précisions concernant cette première année de médecine pour vous mettre dans le contexte, surtout que je ne sais pas comment ça se passe en Belgique et ailleurs.
Le point majeur qui régie la vie des petits étudiants en première année est la suivante :
débrouille-toi.
Concrètement, ça veut dire quoi ?
- Présence non requise aux cours magistraux
- Présence non requise aux Enseignements dirigés
- Pas d'exercices à faire à la maison, rien à rendre, le seul support de travail sont les cours ultra-denses des enseignants d'amphi et les quelques EDs bien trop peu fournis.
- Pas de contact direct avec les enseignants
- Pas de contrôles de niveau
Le second point s'articule autour du concept de
Sélection. Vous me direz, ça vaut pour toutes les filières sélectives. Oui mais pas tout à fait.
Par exemple, cette année, il y a eu quelque chose comme 400 inscrits de plus que l'an dernier, mais aucune place d'amphithéâtre ou d'ED n'a été ajoutée.
Ca veut dire quoi ?
- C'est la guerre devant les salles de TD tous les matins pour avoir une place et choisir son prof'. (ce qui inclue : arriver en avance, jouer des épaules, réserver/se faire réserver des places et, parfois, amener son café au prof' pour qu'il nous en garde une)
- C'est la guerre pour avoir une place en amphithéâtre. Pour certaines matières, les escaliers entre les rangées sont occupés par ceux qui n'ont pas trouvé de places assises. Pour d'autres, l'enjeu se fait au niveau du choix de l'amphi : l'un a le prof en direct, l'autre est assez calme, l'autre est grand et plus bruyant.
- C'est la guerre pour avoir une place à la Bibliothèque, surtout après la fin des cours magistraux.
- C'est la guerre au CROUS (le self) et à la cafeteria, tant au niveau de la queue que du choix de produit.
Bilan des courses ?
- L'accent est mis sur l'
investissement personnel de l'étudiant. Cette composante est poussée à l'outrance, jusque dans ses derniers recoins. Rien n'est acquis, tout doit aller se chercher à la force des bras, même une foutue place d'amphi.
- L'
égoïsme est généralisé. Ca ne vient tout simplement pas à l'esprit de laisser sortir les gens de la salle avant de se précipiter dedans, ou de garder une place à quelqu'un qu'on ne connait pas.
- La
force du groupe est indispensable à celui qui veut réussir. Le bon étudiant doit s'entourer d'alliés solides. Ensemble, ils se répartissent les tâches de réservation de place et essaient de recréer un espace de convivialité dans cet univers de brute. Il s'aident aussi pour la compréhension des cours et se partagent les rares ressources en exercices. Sur le plan moral, le groupe s'apparente aussi à des compagnons d'armes en terrain hostile.
- Les étudiants sont
traités comme du bétail par l'administration. Rien n'est fait pour améliorer nos conditions de travail, sous prétexte que ça sert à la sélection. Nous sommes traités avec dédain. Pour passer le concours cet hiver, alors qu'on se souvient tous de sa rigueur, nous avons été entassés à 2400 dans le hangar où à lieu la Japan Expo, si ça vous parle. Et sans chauffage. J'avais les fesses gelées et les mains tellement crevassées que j'étais content de pouvoir aller me réchauffer à la fin de chaque épreuve. Je sais pas si vous voyez mieux le tableau maintenant, mais c'est juste inacceptable. Seulement ceux qui échouent n'ont aucune légitimité à se plaindre, et ceux qui réussissent sont trop content d'en être sorti pour s'en préoccuper. Du coup, les choses ne font qu'empirer, surtout qu'il n'y a personne qui a envie d'écouter nos complaintes.
Pas glorieux donc la médecine en France. On en ressort changé ça c'est sûr, mais pas forcément en bien. Est-ce normal de traiter ainsi les gens qui seront amenés à nous soigner, à nous bichonner, à oublier leur égo pour penser aux patients ?
Dans un univers héroïque-fantasy, ça ferait pas tâche du tout cette grosse mélée dans une arène avec seulement quelques vainqueurs et beaucoup de mort, mais là c'est la vraie vie.