Ce soir, je veux vous parler de musique. Oui, ça fait un bail qu'on a pas partagé nos découvertes sur ce forum et là, j'suis tombé sur un chouette album, alors j'vais essayer d'écrire quelques mots sur celui-ci. Je le réécoute pour la centième fois en même temps que j'écris afin de suivre un peu le voyage que nous propose cette sélection de morceaux opérée par Belle & Sebastian.

Présentons d'abord le concept, qui vient d'un label indépendant qui a permis à plusieurs artistes ou groupes de proposer leurs compils des morceaux qui les ont inspirés ou qu'ils aiment bien. Un exercice que l'on pourrait faire sur nos ipod shuffles si nous en avions, mais nous ne sommes pas de ces gens là. Par contre, plein de gens sympathique se sont essayés à l'exercice, notamment The Flamings Lips, Air, Jamiroquai, Arctic Monkeys, The Cinematic Orchestra et donc Belle & Sebastian.

Ces derniers ne portent pas ces deux prénoms mais il s'agit d'un groupe de plein de gens qui font de la musique depuis une quinzaine d'année. Je connais depuis un petit moment mais je me suis mis à jour en écoutant leurs albums récents et c'est comme ça que je suis tombé sur cette très bonne compil qui sublime ce qu'ils ont pu faire. Mais c'est quand même une compil pour ceux qui aiment ce groupe, donc je vais devoir en dire deux mots. Et c'est dur. Oui, parce que c'est un groupe de pop-rock difficile à qualifier. C'est des chants, de la guitare, du violon parfois ou de la trompette, du clavier et de la basse aussi. En fait, c'est de la pop indé construite mais pas trop savante, avec plein de bouts différents. On pourrait trouver que ça ressemble à ce que fait Múm ou Postal Service, peut-être que ça vous évoquera parfois Guided by Voices ou Grandaddy, peut-être même Elliott Smith ou les Beatles. Bref, plein de musiciens formidables que vous pouvez découvrir aussi !

Du coup, passons à la compilation Late Night Tales qui est, je vends la mêche, fantastique !
Elle commence par une sorte de remix électro d'un standard de blues qui glisse vers une ambiance feutrée bien étrange avec des éclats sortant de nul part et qui construisent une ambiance nocturne citadine et distrayante. On entre dans un bar des années cinquante avec un pianiste au boogie-woogie tranquille et une chanteuse à la voix éraillée. La voix s'estompe et on revient vers le présent avec RJD2 qui nous sert une rythmique hip-hop enrichie par une section de cuivre et une voix mélodieuse qui évolue avec le morceau suivant. Une voix cette fois clairement hip-hop mais un accompagnement à la flute de pan, ponctuée de scratch et de beat qui montre ce que peuvent réussir à faire de bons remixeurs. La flute de pan assure la transition vers une chanson éthérée de Demis Roussos (un pote de Vangelis) qui offre une minute d'éblouissement absolu qui transporte vers des nuages. C'est là que nous récupèrent les synthétiseurs disco de Stereolab puis on traverse en vol un avion avec sa musique d'ambiance avant de traverser un nuage de funk qui nous fait perdre tous nos repères. On se retrouve alors au soleil américain avec la minute de country proposée par le mariachi en chef Johnny Cash qui résonne grâce au soutien de The Ethiopians jusqu'à la déraison du jazz de cabaret improbable de Elsie Mae.

Heureusement, arrive une pause de soul semblant sortir d'un film romantique des années 80. A peine le temps de reprendre son souffle et de se dire que la nuit est déjà bien avancée que bondit un morceau de gospel avec une chanteuse éblouissante qui donne de la voix jusqu'à ce qu'on soit totalement mâchouillés par les polonais du groupe Novi Singers qui marmonnent un vieux standard de jazz en lui donnant un petit air de cirque. Et de l'autre côté du monde, on découvre la voix mielleuse de la brésilienne Gal Costa qui nous enchante de sa romance.

On virevolte dans cette compil qui est encore loin de nous avoir dévoilée toute ces merveilles. Notre oreille découvre ensuite une reprise groovy-électro d'un rythme de rhythm & blues puis un vieux morceau de jazz à la basse prodigieuse qui nous guide le temps d'un très bon morceau jusqu'à un autre qui nous fait décoller tel un aigle en compagnie du Steve Miller Band. Le regret de les quitter après à peine un morceau s'estompe rapidement avec le folk de Donovan à qui il suffit de quelques phrases pour nous convaincre de son talent. Son saxophone se perd dans des clochettes de Mum qui vient suspendre le temps avec quatre minutes de poésie, tant musicale que vocale. On est du coup surpris par la mélopée suivante chantée en portugais par Belle & Sebastian ! Une reprise complétement atypique par ce groupe aux goûts musicaux bien éclectiques, comme on vient de l'entendre ! D'autant que l'album n'est pas terminé et qu'il reste un doux morceau de percussions africaines qui se perd dans des nappes sonores qui entrainent délicieusement vers le sommeil. Et c'est une voix délicate et enjouée qui nous invite alors à ouvrir les yeux et a admirer le soleil en train de se lever. On découvre alors avec surprise que la nuit s'achève et qu'on a passé le temps de cet album à découvrir des sons variés et agréables venant des quatre coins du monde, d'un bon paquet d'instruments et de voix. On bondit alors avec joie en découvrant qu'il reste encore une petite badinerie de Bach pour nous mettre en joie ! L'album est transcendant et on ne peut qu'être impressionné par ces morceaux magnifiques. Dommage néanmoins qu'il reste encore une pièce vocale, une sorte de slam psychédélique d'un artiste contemporain impossible à apprécier après tant de merveilles. Il semblerait que ses mots achèvent tous les albums des Late Night Tales mais c'est bien dommage sur celui-ci, qui n'alignait que des bonnes notes à chaque morceaux !

Quoi qu'il en soit, c'est un excellent album ! Varié, tantôt lumineux tantôt tamisé, poétique, musical. Un album qui transporte et remplit les oreilles de milles délices. Je vous le recommande chaudement !

Vous pourrez retrouver l'ensemble en une seule piste sur Deezer, en cherchant Belle & Sebastian Late Night Tales (Continuous Mix) !