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> [SF] Les plus qu'humains, Theodore Sturgeon
Eölen
Écrit le : Jeudi 08 Mars 2012 à 23h37


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Je viens de finir ce livre, alors que je l'ai commencé hier. Je l'ai pourtant acheté par hasard, ou presque. Je naviguais dans les rayons d'un magasin de livres d'occasions et je suis tombé sur un nom que je connaissais : Theodore Sturgeon. Je le connaissais pour un livre dont je vous avais vaguement parlé en 2004, sans être capable d'en dire grand chose. Il s'agissait de Cristal qui songe, une oeuvre majeure de fantastique, avec un héros troublant à qui il arrive des aventures qui rendent mal à l'aise parfois mais à chaque pages surprennent. Le style, bien que ce soit une traduction de l'oeuvre originale en anglais, m'avait marqué lui aussi. Des phrases relativement courtes mais pourtant expressives. Des dialogues ciselés, des échanges en peu de mots mais pourtant très denses.
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Je n'ai donc pas hésité une seconde à me faire acquéreur d'un autre de ces romans. Ou plutôt recueil de nouvelles. Ou plutôt quelque chose à mi-chemin entre les deux. Ce livre, qui s'appelle More than human à l'origine et Les plus qu'humains en français a été publié en 1953. Il est en trois parties qui forment une seule histoire, mais il semblerait que la partie centrale fut publiée précédemment seule, c'est donc en même temps une sorte de recueil de nouvelles et une histoire en soit. Et ça donne une saveur bien particulière à l'ensemble. Les trois parties sont cohérentes mais pourtant orchestrées de manières très différentes, la centrale étant à la première personne, tandis que les autres sont en focale externe.

Mais ce n'est rien par rapport à l'étonnement que procure la découverte de cette curieuse histoire. On rencontre d'abord une petite famille d'un père qui a perdu sa femme lorsqu'elle donna naissance à sa première fille et qui eu une seconde fille avec la première. Ils vivent depuis en autarcie, coupés du monde, dans un monde à eux, hors normes. De même que ce garçon sauvage qui vit dans la forêt et se considère comme idiot. De même que cette jeune fille disposant de pouvoirs télékinétiques. De même que chacun des personnages de cette histoire. Il y a quelque chose qui met mal à l'aise dans ce qu'ils sont car ils questionnent notre rapport à la société, à ce qu'est la norme et à ce que nous sommes. Sont-ils des marginaux, des sous-hommes, des êtres isolés que la société rejettent ? Et si ensemble ils étaient plus complets ? Si leurs défauts s'effaçaient au contact d'autres personnes aussi différentes qu'elles ?

Plusieurs questions, qui trouvent des réponses dans cette histoire qui nous les présentent enfants et nous permet de les suivre jusqu'à l'âge adulte par bonds dans le temps. La temporalité du récit est hasardeuse, fluctuante et là aussi un peu dérangeante. C'est tout à fait cohérent mais à plusieurs reprises on n'est incapable de lâcher le livre pendant plusieurs pages tant on est dans le flou, et tant on désire comprendre ce que même les protagonistes ne peuvent comprendre. Finalement on évolue avec eux, on est une part de leur création et à la fin de la lecture on est nous aussi un peu plus qu'humain.


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La cité luit dans la lueur bleutée de l'immortalité.
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Mortis Ghost
Écrit le : Vendredi 09 Mars 2012 à 01h10


Le quatre-vingt septième fantôme
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Tu as l'air bien enthousiaste sur ce livre qui a l'air bien étrange. Cela fait plusieurs mois que je n'ai plus lu de "vrai" livre, et bien plus longtemps que je n'ai plus lu de SF, et ça donne très envie de s'y remettre, et de trouver un livre de cet auteur en particulier.

Un peu hors-sujet, mais l'absence de repères temporels, l'écriture étrange et le côté "qui-met-mal-à-l'aise" que tu évoque me fait penser un peu à Philip K. Dick, grand maitre de l'anticipation, de la mise en abime et des twists super flippants. J'ai lu Substance Mort de cet auteur, il n'y a pas très longtemps, qui entre vraiment presque pas dans la SF, mis à part quelques détails (des tenues qui génèrent une apparence différente toutes les secondes par exemple, ou une nouvelle drogue plus dangereuse encore que celles que l'époque contemporaine a à proposer), mais le côté perturbant de ton livre semble faire écho ici, avec des élipses incalculables, des mises en exergue d'éléments peu importants et au contraire des moments vitaux narrativement parlants expédiés en quelques lignes... En plus d'une ambiance malsaine et de héros en marge de la société (en l'occurence des junkies, ici). Peut-être que ce livre, que j'ai fort aimé par ailleurs, pourrait te plaire.

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Et pour pousser le hors-sujet encore plus loin, il est intéressant de savoir qu'il y a eu une adaption en film de ce récit, passé totalement inapercue, et pourtant très bien réalisée au niveau du respect du matériau original, mais aussi très intéressante concernant la mise en image, car entièrement réalisée en rotoscopie, cette technique qui consiste à dessiner par dessus un film live. Voilà c'est un chouette film, tout aussi étrange, perturbant et déprimant que le livre (ah oui j'ai oublié de le préciser, mais en effet c'est très très déprimant). Avec Keanu Reaves et Robert Downey Junior dedans, wahou, des vraies stars.

Edit : Ah j'ai oublié de préciser au cas où ça intéresserait vraiment quelqu'un, le film porte le nom du livre en version originale : A Scanner Darkly.

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Eölen
Écrit le : Vendredi 09 Mars 2012 à 15h50


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Je connais ce livre de nom, et j'ai vu ce film à sa sortie en salle. Pour tout dire, j'y avais même emmené Lorelei alors que nous ne sortions pas encore ensemble. Une manière de lui montrer à quel point j'étais bizarre peut-être. Enfin, j'en garde un très bon souvenir, et je lirais le livre dont il est tiré si j'en ai l'occasion, pour confirmer que le style s'en rapproche un peu, mais pas tout à fait, parce que quand même Sturgeon, c'est vraiment très particulier.

Mais j'suis content de voir que t'es de retour !


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Sven Lodorf
Écrit le : Lundi 12 Mars 2012 à 19h34


A-ffable^^
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Humm, ça m'as l'air chouette, j'en mangerais sans doute bien tôt(une fois terminée la longue saga de Dune)

Au fait, Mortis(ou quiconque si connait); la rotoscopie, ça doit être long à faire, non ?


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Heldred: Seules 3 choses sont infinies; l'univers, la bêtise humaine et la version d'essai de Winrar.
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Mortis Ghost
Écrit le : Lundi 12 Mars 2012 à 21h28


Le quatre-vingt septième fantôme
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Concernant la rotoscopie, c'est assez particulier en vérité, car si la technique en elle même est moins complexe que l'animation tradionelle (aucun mouvement à "inventer", il suffit de dessiner par dessus le film), elle nécessite du coup de mettre en scène des vrais acteurs, voir de vrais décors, avant l'étape d'animation.

Dans certains cas elle est donc plus rentable et rapide que l'animation tradionelle, et utilisée afin de "tricher", comme par exemple dans Blanche Neige et les Sept Nains de Disney, où de nombreux mouvements de Blanche-Neige ont été réalisés à l'aide de la rotoscopie afin de ne pas avoir à créer ces passages de toutes pièces, et à pouvoir sans doute laisser des animateurs moins talentueux s'occuper de scènes importantes, et d'accélerer la création du film. Un autre exemple plus intéressant, c'est le personnage d'Elena, dans Street Fighter III, dont la pose de base a été réalisée avec la même technique.

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Dans le cas de A Scanner Darkly, la rotoscopie n'est pas une facilité, mais un choix de style. Non seulmenent le style graphique y est bien plus poussé, nécessitant de passer pas mal de temps sur chaque image, mais en plus l'entièreté des deux heures du film est réalisé de cette façon, incluant chaque décor et chaque détail. Qui plus est, le film ici a d'abord été entièrement filmé à la manière d'un véritable film live, ce qui prend déjà pas mal de temps. Du coup ici c'est un choix qui complexifie beaucoup la création du projet, et qui en effet ralonge considérément la durée de sa production. Et ça multiplie pas mal le budget : le même prix qu'un film live normal comprenant décors, acteurs (plutôt connus, en plus), et tous les métiers que nécéssite la réalisation d'un long-métrage classique, additionée à une pléthore d'animateurs, illustrateurs, graphistes, qui passent des mois entiers à redessiner l'entièreté. Le making-of de A Scanner Darkly donne assez bien la mesure de la démesure d'un tel travail. Il n'est pas étonnant que peu de films prennent ce parti-prit stylistique.

D'autres films ont été réalisés en rotoscopie, comme par exemple la première adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux, en 1978, ou plus récemment la série Delta State. Mais jusqu'à présent j'en ai vu aucun d'aussi poussé graphiquement et techniquement que A Scanner Darkly.

A noter que cette réponse était totalement hors-sujet par rapport au topic. Je m'en excuse. Que mon âme soit consumée dans les flammes de l'enfer.
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Lorelei
Écrit le : Lundi 12 Mars 2012 à 21h43


Nymphe aux mânes vaporeuses
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Ah oui A Scanner Darkly ! Là comme ça le nom ne me rappelait rien (moi et ma mémoire de loutre), mais une fois les images vues ça m'est revenu. Effectivement c'est très étrange. Et le côté fourmillant d'insectes à certains passages m'a beaucoup dérangée.. erk.
(@Eö, effectivement, après ça, j'étais avertie)


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S'envolant dans mille et un rêves aquaphospholuminescents,
la loutre se sent pousser des ailes plus légères que le poudingue..

Septembre entre livres, fiches, tableaux et stress.. l'heure est venue de prouver ma valeur !
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Coeur Pur
Écrit le : Jeudi 15 Mars 2012 à 23h50


Maîtresse des Loups
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C'est vraiment intéressant tout ça.
Si ma bibliothèque locale dispose de ces ouvrages, je sens que je vais avoir de la lecture ce week-end.


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Eölen
Écrit le : Lundi 09 Avril 2012 à 20h29


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Je reviens dans la conversation car je suis repassé chez le libraire d'occasion, et j'ai trouvé un autre bouquin de Theodore Sturgeon ! Et pour trois euros, j'ai pas hésité, vous pensez bien !

J'ai donc lu les deux nouvelles Un peu de ton sang et Je répare tout.


La première nous amène dans le bureau d'un psychiatre de l'armée, pour ouvrir le dossier d'un de ses anciens patients. Un dossier dans lequel se trouvent plusieurs documents qui nous permettent de progressivement découvrir un homme troublé et troublant. Son histoire n'est pas gaie mais prenante. Là encore, on en ressort pas intact et cette fois, je le déconseillerais carrement aux personnes sensibles ! Il est encore plus fort que les autres oeuvres, plus réaliste que fantastique. 150 pages d'humanité sombre.

La seconde nouvelle, qui a été publiée ailleurs sous le titre Parcelle brillante, est une petite fable noire. Cette fois, ce n'est pas de la SF du tout. C'est l'histoire d'un homme qui rentre chez lui après son boulot de nuit et trouve dans sa rue une fille à l'agonie, salement amochée. Il la ramène chez lui et tente de la soigner, pour ensuite partager sa solitude avec elle. On a donc deux personnages, chacun avec des blessures qui prennent au coeur. C'est bouleversant, d'une violence émotionnelle forte sans pour autant que ce soit trash.

J'ai bien aimé les deux, mais moins que les deux romans dont j'ai déjà parlé. Donc, si vous tombez dessus et supportez les réflexions sur les travers humains, sur l'amour et le meurtre, allez-y. Mais lisez plutôt Les plus qu'humains et Cristal qui songe.


Et côté film, j'ai revu avant-hier A scanner darkly, le trouvant un peu moins bon que dans mon souvenir. Il y a des choses intéressantes mais le twist final est pas si passionnant et amené d'une façon un peu artificielle. Mais bon, le style graphique est quand même super intéressant.

Un autre film, Punch-Drunk Love, met en scène des personnages qui m'ont un peu fait penser aux exclus sociaux de Sturgeon. Il est pas excellent comme film, mais si vous l'avez vu, le personnage central est une version édulcorée des héros de Sturgeon, on pourrait dire.


Voilà voilà, c'est qu'il est super long mon message ph34r.gif


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