Je change à nouveau de registre, pour vous proposer cette fois une trilogie de polar français, ou plutôt marseillais. Une petite introduction s'impose. Je ne suis pas du tout fan des récits policiers, malgré les nombreuses séries policières dont j'ai pu vous parler par le passé. Ce qui me dérange n'est pas le moteur de l'action, car résoudre un crime est un prétexte à machinations, rencontres et explorations. Et ça c'est chouette. Ce qui me dérange par contre, ce sont les policiers. Le besoin de Justice et d'aider les autres ne suffit pas comme base à un personnage intéressant. Ça me plaît quand le personnage est plus que ça, quand il dépasse ce cliché, quand il a un côté sombre ou qu'il agit pour d'autres raisons que sauver la veuve et l'orphelin. Et je n'aime pas les victimes. Ça amène toujours à des scènes de pathos déplorable ou l'être humain montre ce qu'il a de plus mauvais, de plus pitoyable. Je n'aime pas.

Donc, pourquoi avoir lu ces trois bouquins, avec plaisir en plus. C'est à cause de ma nièce. Elle s'appelle Soléa, en hommage (un peu) au titre du troisième bouquin de la série, que son père lisait avant sa naissance. Je me suis dit qu'il était temps que je sache pourquoi ces livres avaient tant plu à mon frère qu'il projette cela sur sa fille.

Le personnage principal est l'inspecteur Fabio Montale. Un flic, donc...pfft...ça commence mal. Il est chargé de l'apaisement dans les banlieues nord de Marseille, dans les années 1990, à l'époque d'IAM et du Massilia Sound System. Des sons qui rythment le récit, comme des échos à l'état d'esprit d'un vieux flic torturé qui se voit rattrapé par son passé de petit criminel. Par la mort de ses amis d'enfance, avec lesquels ils faisaient les quatre-cents coups. Un petit goût similaire au film Les Lyonnais que j'ai vu il y a peu. Avec une ambiance de gangsters français, de braqueurs à la petite semaine entourés par la mafia, les trafics de drogue et les filles.

C'est un peu de tout ça, dans ces trois bouquins. Un héros désabusé, enquêteur mais aussi bon vivant, qui parle cuisine et boit des coups, un peu dans le style de Pépé Carvallo ou Montalbano (j'sais pas si ces références vous parlent). Des histoires de tolérance, de quête de soi, d'amitié et d'amour.

La richesse aussi est dans le style. C'est foutrement bien écrit. C'est littéraire. A l'opposé de ce dont je vous parlais la semaine dernière. La ville de Marseille est un personnage à part entière avec l'odeur des rues et le bruit de la Méditerranée. L'auteur connaît sa ville et en fait presque une élégie à travers ses textes. Tous les personnages sont attachants, forts, humains. C'est pas toujours du joli joli, pas très gai mais à l'image de la vie.

Je ne crois pas avoir envie de lire d'autres polar/thriller/policiers dans les temps à venir, à moins que vous n'en connaissiez d'aussi bons. D'aussi intéressants, avec des personnages complexes et des intrigues bien foutues, dans des décors qui ne soient pas de carton-pâte. N'hésitez pas, si c'est le cas. Sinon, ça sera du médiéval la semaine prochaine, ou une histoire avec un loup peut-être.

Sinon, une autre critique de l'oeuvre, si vous voulez en savoir un peu plus...j'ai l'impression de ne pas en avoir dit grand chose.