Le soucis quand on lit beaucoup de bons livres, c'est de tenir le rythme pour les critiques. Et là, j'ai été pris par le temps, et par le second livre que j'ai lu, tellement puissant. Je vous parlerais donc plus tard de Janua Vera, de Jaworski, qui est un très bon recueil de nouvelles médiévales fantastiques, par un auteur français qui recherche un style très ampoulé mais agréable malgré tout.
Cet article sera donc sur La Horde du Contrevent, par Alain Damasio. L'auteur est français, et a écris peu de choses, mais ses bouquins jouissent d'une certaine renommée, au delà du lectorat habituel du genre. Son autre bouquin majeur, la Zone du Dehors est très politique, ayant été rapproché de 1984. Mais bon, je ne l'ai pas encore lu. Et je vais donc arrêter cette introduction dans laquelle je parle d'autres bouquins. C'est vraiment n'importe quoi.
La Horde est composée d'une vingtaine d'individus soudés par une aventure commune. Une aventure qui part d'Aberlaas pour aller jusqu'au bout du monde, et au delà même si c'est possible. Ils avancent à pied, luttant contre le vent qu'ils subissent de face en continue. Les différents membres du groupe sont spécialisés pour rendre leur équipe la plus efficace possible, avec notamment une spécialiste des vents, un géologue, une feuleuse chargée d'allumer les feux, des chasseurs, un troubadour qui anime leurs soirées et un scribe qui note leurs déboires. Je ne vous présente que quelques figures de cette aventure dans laquelle chacun à sa place et qui est racontée par tous.
Et oui, c'est une particularité de cette oeuvre, qui est racontée par ses protagonistes, à travers un système de symboles qui indique le hordier qui s'exprime. Le ton varie donc et les visions des différents personnages ressortent bien. Le lecteur n'est cependant pas intégré à la Horde, mais en suit les périples de l'extérieur, comme si les textes lui étaient en quelque sorte destinés. Et beaucoup de choses viennent nous remplir la tête pendant les quelques 700 pages de voyages. 700 pages égrainées à rebours, menant vers une fin haletant dont on ne sait qu'attendre. Dont on ressort transformé, à coup sûr.
Car le propos central n'est pas la lutte contre le destin ou contre le vent mais bien plus que ça. Il y a de la solidarité, des rencontres passionnantes, des combats poétiques et des épreuves époustouflantes. Il y a un style, une plume qui vraiment rend heureux. On s'attache aux personnages, on évolue avec leurs réflexions, avec leurs joies et leurs peines, et on sent le vent qui nous souffle continuellement son rythme aérien.
Je le conseille donc abondamment, à tous. Il y a une puissance narrative là dedans, une maîtrise de l'action et une richesse de personnages qui en font une grande oeuvre. Une de celles qui marqueront l'époque et resteront comme une preuve que l'imagination est la meilleure pour de bonnes histoires.