[Surnaturel] Animalité, Whitley Strieber

[Eölen]

J'ai manqué le jour, mais à quelques heures près, voici néanmoins un petit conseil lecture. Cette fois, je n'ai pas suivis le conseil d'un libraire mais celui d'Etpah, qui m'a sortis un vieux livre poussiéreux de sa bibliothèque. Et ce livre, c'est donc Animalité, de Whitley Strieber, dont je donne le titre dès le départ afin que Mortis cesse de me faire de grands signes avec son panneau indiquant « pas pro, pas pro du tout, non mais oh ».

Ahah, mais cette couverture n'indique pas le bon titre ! C'est bien vrai, lecteur attentif, mais c'est le titre original, et la couverture française choisie par J'ai lu lors de sa parution en 1993 est une catastrophe totale. Du genre à déconseiller ce topic aux lecteurs les plus jeunes. Donc je vous la proposerai en fin d'article, pour que vous puissiez quand même chercher le bouquin chez un obscur libraire pouvant posséder ce type de vieilleries.

Ce n'est pas si vieux, pourtant, et la couverture, dans le plus pur style Michael Crichton (vous ne trouvez pas ?) vous indique une date de naissance dans les années 90. L'auteur, un américain connu (ou presque) pour une histoire de loup-garou et un récit de rencontre avec des extraterrestres, a aussi participé plus ou moins au scénario du film Le jour d'après. De loin on peut donc dire que c'est un auteur moyen de SF américaine. Hum...voilà. Mais le bouquin en est-il pour autant moyen ?

Et bien oui. Ahah, je vous ai bien eu. Je ne parle pas toujours d'excellents livres, des fois ce sont justes d'excellentes expériences de lectures. Un peu comme Rez, un jeu vidéo intéressant mais pas excellent. Si vous captez la comparaison, vous êtes zanarkandien de longue date, et méritez de lire ce bouquin. Sinon, vous le méritez aussi, car je vous aime, cher lecteur anonyme et/ou robot de moteur de recherche automatique.

Bon, j'ai bien meublé cette présentation, qui est maintenant confortable et accueillante. J'allume un petit feu à côté des serveurs et nous allons pouvoir poursuivre.

Animalité est un titre plutôt bien choisi. Ce livre nous raconte l'histoire de Robert Duke, un poète raté qui gagne vaguement sa vie en vendant des ordinateurs par correspondance. Un homme moyen, endetté, avec une femme au foyer et un garçon plein d'imagination. Un type qui nous fait par de ses pensées alors que son fils dessine les animaux du zoo. Et qui nous questionne sur ce qui nous sépare des animaux, pourquoi l'Homme les exhibe dans des cages, les enferme sans qu'ils n'aient rien commis de mal. Et la question reste en trame de fond à travers toute l'histoire, sans évoluer en réquisitoire ou en jugement de moral. L'Humanité et l'Animalité sont des traits Humains, qu'il faut concevoir et vivre en soi de façon complexe, non manichéenne. Car il n'y a peut-être pas d'opposition entre les termes, ni d'évolution de l'un à l'autre.

D'évolution il est aussi question dans cette histoire. Car à force de regarder un loup enfermé dans le zoo, Robert Duke se sent proche de lui. Et quand il se retrouve seul, loin de son foyer, il sent son corps changer, ses sens se modifier, un désir de grands espaces sauvages grandir en lui. Et il se sent devenir loup. Si vraiment il devient un loup. En tout cas, une nouvelle question entre en discussion, celle de la nature sauvage, de la liberté de mouvement dans nos sociétés citadines closes. Un thème qui m'intéresse bien, et dont plusieurs livres ont déjà parlé, notamment dans les récits de voyage dont je vous ai parlé le mois dernier.

Il n'est pas question de loup-garou dans ce livre, mais en quelque sorte de la crise de la quarantaine, de ce qui fait qu'un homme change dans sa vie, que la vie peut basculer du jour au lendemain vers quelque chose de tout à fait différent. Il y a beaucoup de choses dans ce livre, dont la traduction française ne gâche rien. Il est classé comme épouvante, mais c'est seulement si vous avez peur de remettre en question les normes sociales et ce qui nous définis comme espèce. Si vous êtes prêt à être transformés par une lecture et que la couverture ne vous rebute pas, alors vous passez un bon moment, avec une bonne histoire, plutôt maline et agréable à lire.

(bouhouhou quelle couverture pourrie...on dirait presque du Milady...bouhouhou)

[Mortis Ghost]

Je salue tout d'abord l'écriture de ton article, qui m'a fait rire à haute voix. Bravo, c'est un exploit rare sur les ondes cybernétiques de l'internet.

En ce qui concerne le livre, je n'en avais jamais entendu parler, alors que pourtant ça a l'air intéressant et moins banal que ce que sa couverture et les antécédents de l'auteur pourraient laisser penser. Je suis étonné par la description du contenu et la conclusion que tu en fais. Ca a l'air intriguant et intéressant, sans jugement moral mais avec un questionnement sur le système et la nature humaine, pourtant tu n'as pas l'air d'en tirer pleine satisfaction ... Quoi qu'il en soit il y a une libraire à Bruxelles qui vent tout à fait ce genre de livres (on y avait été je pense d'ailleurs, à coté de chez Old-Star Games) et je ferais attantion à regarder après si j'y passe. Tout cela m'intrigue.

[Etpah]

Bon, parce que ce post n'est pas si vieux que cela et que il s'agit de mon livre au départ, je vais essayer de le défendre.

Hum...

Bah non en fait, je ne pourrais pas le défendre. Ce qu'en dit Eölen est au final assez vrai, surtout que cela fait tellement longtemps que je ne l'ai pas relu que je ne saurais trop quoi en dire.

Je vais donc vous parler de ces choses qui font que nos retours sont si intéressants, mes ressentis personnels sur la lecture de cette oeuvre.

Tout d'abord, pourquoi ai-je proposé ce titre à Eölen, parmi les centaines de milliers de livres qui composent ma bibliothèque personnelle ?
Il convient de remettre les choses à leur place, d'expliquer le contexte et les événements qui nous ont amené à ce moment fatidique, qui restera sûrement dans les mémoires.
La nuit tombait, ou était tombée, ou allait tomber peut-être, en tout cas la nuit était dans tous les esprits ou presque. A moins que ce ne soit le matin. Oui, définitivement, un moment de la journée était dans les esprits.
Le temps était passé, et le moment déchirant de la séparation approchait à grands pas (pas le personnage hein, ne vous égarez pas), quand soudain, la question existentielle qui était restée insoluble jusqu'à cet instant se pose, demande résolution, pour que le monde reprenne sa course sans dévier vers la fin de l'univers.
Et oui, parfois, les plus petits choix ont les plus grandes répercussions. LA question donc, se pose, s'interpose, et se révèle au grand jour.
"T'aurais pas un livre à me passer ?"
Damned, dans les secondes qui suivent, d'autres éléments se rajoutent, des conditions, des interdictions, un ensemble de règles qui amène le choix qui semblait si simple à la résolution d'une énigme digne du déblocage d'un succès (ou d'un trophée, selon votre support).
Après maintes délibérations, le sort du monde était en jeu rappelez-vous, pas le droit à l'erreur, quelques computations, de tête en plus, le choix a été fait. "Animalité" ce sera. Et comme le monde est encore là, ça devait être le bon choix.
A moins, bien sûr, que l'univers soit mort de cette résolution, mais on mettra quelques millions d'années à s'en rendre compte, et la faute nous retombera dessus après une longue et difficile enquête par la Brigade du Temps.

Et hop, magie, j'ai réussi à dire que je parlerais de mes ressentis personnels et direct sans transition je vous raconte la genèse de l'histoire, en laissant des zones d'ombre pour que naisse la légende. Ah, je vous ai bien eu non ?

Bon, plus sérieusement, pourquoi ai-je conseillé ce livre ?
Ce n'est pas une oeuvre qu'on lit et relis, dont on apprend la moindre ligne et décortique le moindre sous-entendu, mais l'écriture est plaisante sans être exceptionnellement exceptionnelle, et l'histoire nous amène à se poser quelques petites questions sur nous-mêmes, le monde, l'univers, la place de l'homme sur Terre, et l'existence possible des extra-terrestres. Ou au moins se pose-t-on une partie de ces questions. Ou pas.
Ce n'est pas une de ces histoires prenantes qui nous forcent, une fois terminée, à réfléchir sur des questions existentielles. Juste une petite histoire sympathique qu'on garde dans un petit recoin de notre mémoire comme une rencontre éphémère qui nous a aidé à passer un bon moment, mais qui ne deviendra pas notre meilleure amie.

Voilà, vous avez-vu comme j'ai réussi à ne rien apporter au post initial tout en étant presque aussi long. Ou plus long. Ou beaucoup plus court.
Je ne vais pas comparer la taille de nos posts en public quand même ? Un peu de décence messieurs.