Sur les conseils de notre tavernier préféré, je me suis laissé aller à regarder la série britannique Sherlock.
Après avoir vu les 3 premières saisons, que peut-on en dire ? Eh bien, pas grand chose.



Non, je blague, sinon je ne serais pas là pour en parler.
Sherlock qu'est-ce que c'est, pour ceux qui ne connaissent pas ? Il s'agit d'un enième retour de l'un des détectives les plus célèbres qui soient, Hercule Poirot. Hein ? on me fait signe que j'ai mélangé mes fiches... Ah oui, Sherlock Holmes, désolé. Je me disais bien que quelque chose n'allait pas, mais je ne voyais pas quoi.
Sherlock donc, reprends le personnage de sieur Arthur, king of the Britains... nop, toujours pas la bonne fiche... Sir Arthur Conan Doyle. Seulement voilà, tellement a été dit, fait, adapté sur ce personnage qu'on croit le connaître bien mieux qu'on ne le connait vraiment.
Sherlock donc, disais-je, reprend les aventures de Sherlock Holmes en les plaçant dans le Londre de nos jours, et non ceux de son époque originelle. Dans un format original : chaque saison se compose de trois épisodes d'une heure trente environ. Autant dire que cela est vide regardé, et que le format "téléfilm" permet d'avoir un rythme particulier qu'on ne retrouve pas souvent dans les séries télé "classiques".



Mais revenons-en à Sherlock voulez-vous ? Si vous arrétiez de m'interrompre à tout bout de champ on avancerait plus vite aussi. Le Sherlock Holmes dépeint dans cette série est certes le brillant déducteur que l'on connaît, mais il a aussi des problèmes dès qu'il s'agit de ... se comporter en société, dirons-nous. Oui, c'est un sale con. Cela marche aussi. La nature humaine lui est un peu étrangère. Et c'est là qu'entre en jeu l'ami Watson.
Le Watson de Sherlock... la série, pas le personnage, suivez un peu, est un ancien médecin militaire rendu à la vie active, comme on dit. Ce qui est déjà le cas dans les livres, même si on a tendance à se rappeler de lui comme d'un médecin de famille des plus classiques. Le personnage reste, à mon goût, un peu trop effacé sur l'ensemble de la série, et les éléments qui le mettent en avant... arrivent souvent hors champ, et nous sont rappelés au détour d'un dialogue. A tel point que tout un passage où on nous rappelle ses qualités humaines tombe un peu à plat.

On rencontrera certains des personnages connus de l'univers de Sherlock Holmes, de Moriarty à Mary en passant par Irène Adler. Leur traitement à chacun est rafraichissant, on ne nous ressort pas un simple rendu de ce que la mémoire (et les films) nous ont préparé à voir. On reconnaît les personnages, mais ils sont suffisamment différents pour rester intéressant. (Je ferais une mention spéciale à la relation d'amour-haine entre Sherlock et Mycroft.)



Une fois toutes ces choses dites, si nous passions à ce qui m'amène vraiment ici, mon ressenti sur la série. Hé bien... Je suis partagé. L'écriture des divers épisodes est dans l'ensemble assez bonne, mais j'ai ressenti sur presque chacun d'entre eux un creux vers les deux tiers. Comme si les scénaristes avaient eu un peu de mal à trouver la recette pour une sauce qui tiendrait sur une heure trente. On ne sent pas le dernier acte 'rajouté' pour avoir la durée nécessaire, mais j'ai souvent eu un creux d'attention durant le visionnage d'un épisode.
Je suis loin d'être un expert des aventures du personnage, je ne saurais trop dire à quel point ils collent aux histoires originelles, et à quel point ils s'en écartent, ni même sur les personnalités de chacun. Comme je l'ai dit plus tôt, on croit les connaître bien plus qu'on ne les connait vraiment.
Les aventures donc, sont bien sympathiques, et nous emmènent avec elles sans que l'on rechigne. Il y a bien quelques éléments parfois un peu ... tirés par les cheveux, mais l'ensemble reste très plaisant. On ne peut que regretter que chaque saison soit aussi courte, certains éléments méritants amplement d'être développés un peu plus.
Mais... quand même. Le personnage de Watson est une grande déception pour moi. Le premier épisode nous le montre sous un jour que l'on ne reverra jamais, s'effaçant devant le grand Sherlock (ce qui est déjà le cas dans les livres, mais ceux-ci sont censés avoir été écrits par la main du bon docteur, donc on lui pardonnera de ne pas se mettre en avant pour prouver à quel point son ami est génial).
Comme je l'ai déjà marqué, on nous dit qu'il est capable de plein de choses... mais on ne le voit presque jamais. Ce qui à force devient gênant. Il se réduit presque à un simple rôle de reprise de Sherlock lorsqu'il dépasse les bornes de la bienséance. Presque quand même, mais je l'ai mauvaise alors je ne serais peut-être pas très objectif.

Et puis, il y a les autres personnages. Comme je l'ai dit, ils ont été retravaillés, légèrement remaniés (ou plus que légèrement), ce qui, dans l'ensemble, les rend intéressants. Mais cela finit là encore par faire trop. Chacun finit par s'enfermer dans le rôle qui lui a été écrit, pour finir par être plus monochrome que des personnages apparaissant moins de temps et moins souvent.
On pourrait penser qu'avec des épisodes plus longs on pourrait avoir des personnages plus détaillés et on se tromperait lourdement. Une fois passée le plaisir de la découverte de la nouvelle personnalité du personnage, on se rend compte qu'il est au final assez creux et rigide. Ce qui est bien en certaines choses, mais pas sur des personnages récurrents.



Bon, vous l'aurez compris, j'ai un problème avec les personnages de cette série. Même Sherlock répond au même schéma, restant toujours identique à lui-même sans la moindre once de changement, ni de surprise.
Les épisodes restent très plaisants à regarder, les problèmes ne se relevant qu'après coup. Je voulais dire principalement du bien de cette série, mais en écrivant cet article, et en réfléchissant à ce que je pourrais vous dire, j'ai pu approfondir mon ressenti premier et définir ce qui me chifonnait vaguement sans que j'arrive à mettre le doigt dessus.
Alors au final je vous dirais, si vous cherchez un divertissement sympathique, cette série est faite pour vous, mais ne vous attendez pas à trouver une perle que vous chérirez encore dans des siècles. Déjà, parce que vous ne serez probablement plus là, soyons réalistes, et ensuite parce qu'il lui manque un petit quelque chose pour rentrer vraiment dans nos coeurs.