Pas de sujet sur cet excellent film ?
Pas d'Uncle Ben non plus, mais lançons-nous tout de même.
J'aimerais donc vous parler un peu de ce film américain de 2000 réalisé par Aronofsky, également coupable de
The Fountain. Quelques recherches m'ont également informé qu'il s'agit d'une adaptation du roman
Retour à Brooklyn, d'un certain Selby.
Mais ceci, je le devine, ne vous intéresse guère, et je passe donc à la sempiternelle fiche technique qui ne vous passionnera pas plus. Je remercie donc Wikipedia et ses différents collaborateurs pour cette fiche dont on ne se souciera pas de la véracité :
Réalisation : Darren Aronofsky
Acteurs principaux : Ellen Burstyn - Jared Leto - Jennifer Connelly - Marlon Wayans
Scénario : Darren Aronofsky
Hubert Selby Jr. (histoire)
Musique : Clint Mansell
Budget : 4,500,000 $
Format : 35 mm
Genre : drame
Durée : 102 minutes
Sortie : 2000
Langue originale : Anglais
Pays d'origine : États-Unis
Et, fort logiquement, je commence par la musique.
Excellente, progressive, au diapason du scénario et de l'évolution des personnages, elle est l'œuvre de Clint Mansell. Omniprésente, elle a largement contribué à l'empreinte indélébile que m'a laissé ce film, à mon intérêt pour les personnages et leurs destins de toxicomanes.
Car le film entier, divisé en trois saisons que sont l'été, l'automne ("Fall" aux USA, tiens donc) et l'hiver. Pas de printemps donc, et comment s'en insurger lorsqu'on sait que l'on assiste là à la descente aux enfers de trois junkies - et à la mère de l'un d'entre eux qui en est un à sa façon, mais qui ne perd rien pour attendre - qui verront leurs vies brisées par la drogue et par les grosses bêtises qu'ils seront poussés à faire pour elle.
L'un est diplômé, fils d'une veuve accro à la télévision, et passe son temps à faire des conneries avec un ami de couleur : voler la télévision de sa mère pour la revendre quelques kilomètres plus loin, par exemple...avant que la mère n'aille elle-même la racheter à l'heureux marchand. Cette scène, par ailleurs touchante et symbolique des relations parents-enfants, constitue la seule m'ayant fait esquisser un sourire au cours du film, celui-ci (interdit aux moins de 12 ans, c'est à préciser) se révélant très dur, surtout à la fin.
Les deux amis ont chacun une dulcinée de même couleur, et on s'attachera durant le film au destin de la blanche, également toxicomane, puisque la vie ne laisse décidément rien au hasard.
Bref, pour aller droit au but, la vieille croira fort naïvement à un canular téléphonique selon lequel elle est invitée dans son émission télévisée préférée, fort plaisante d'ailleurs. Aux anges, elle repense alors à la splendide robe rouge qui lui allait si bien le jour de la remise du diplôme de son fils, et se dit alors qu'elle sera toujours aussi splendide pour l'émission, comme au bon vieux temps. Hélas, ce n'est le cas que pour la robe, Mme Goldfarb présentant quelques rondeurs inopportunes. Commence alors une croisade contre le réfrégirateur qui l'amènera chez un médecin, avec à la clé prescription d'amphétamines...
Les trois toxicos, quant à eux, connaîtront les habituels désagréments inhérents à la consommation et au commerce de sustances illicites, et connaîtront des destins parallèles bien qu'au final différents.
Si tout se passe bien, cette petitephrase a dû vous montrer que je ménage un minimum le suspense. Rhalalala, ce que j'aimerais bien savoir si vous l'avez déjà regardé avant d'en parler... Mais l'effet de surprise s'en trouverait irrémédiablement gâché, et il m'arrive d'être assez théâtral.
Mais ceci n'a pas grand-chose à voir avec le sujet, et j'y retourne sans plus tarder en vous divulguant mon avis, essentiellement forgé durant le générique de fin : très bon film, recherché, peaufiné, marquant, presque bouleversant. Il m'a semblé que le gros point fort du film était la montée en puissance progresive, de l'été à l'hiver, vers la déchéance pour nos personnages, qui voient leurs rêves s'éloigner au son d'un requiem de 102 minutes pas tout à fait monocorde. La musique, en corrélation avec le scénario, est également caractérisée par une forme de montée en puissance, les différents bruitages augmentant en volume et en fréquence au fur et à mesure du visionnage.
Je me suis ainsi surpris vers la fin à murmurer d'horreur, de dégoût, de pitié, bref, l'immersion se fait. Objectif atteint pour le réalisateur, puisqu'il semblerait fort que je me sois quelque peu attaché aux personnages de ce film pourtant relativement court. Pas une mince performance dans mon cas.
Un film donc qui m'a donc plus remué que fait réfléchir.
Il faut dire que le sujet n'est pas des plus originaux, quoique bien traité et suffisamment élargi à d'autres problèmes de notre société.
J'ai donc bien aimé.
«La réponse est oui. Mais quelle était la question ?»
W. Allen